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La peau de banane

Avant propos

L’histoire se passe en 1972. Je viens d’avoir 5 ans, et mon père me donne une règle de conduite :

Si tu vois une peau de banane par terre, ramasse-la et jette-la dans une poubelle !
Je n’avais pas besoin d’analyser le pourquoi du comment pour obéir. Le fait que mon père me le demande était suffisant. Je crois que tous les enfants ont envie de plaire à leurs parents et d’exister à travers leur regard.


Ca brille !

Ou le Pouvoir d'Erwan

J'ai 7 ans. 2 années ont passé depuis que mon père m'a confié ma petite mission et je suis devenu un champion du ramassage de peaux de bananes. Comme je vous l'ai expliqué, sans avoir conscience du POURQUOI de la manœuvre, j'ai reçu 2 cadeaux existentiels auxquels je ne m'attendais pas :

  1. Le premier est de ressentir instantanément l'Amour de mon père m'envelopper, même s'il n'était pas toujours à mes côtés au moment de l'action
  2. Le deuxième est de provoquer des sourires approbateurs autour de moi, car visiblement, mon acte plaisait aux adultes. J'étais devenu un «bon garçon».
Mais le cadeau que j'allais recevoir à l'âge de raison était encore plus exquis :


L'Ecole de la Vie

L'atelier de mon père...

J'ai presque 10 ans... J’en ai ramassé des peaux de bananes ! Si bien que j’ai l’impression qu’il y en a de moins en moins : dans certains quartiers, il est même impossible d’en trouver...

Pour couronner ma décennie de vie, cette sacrée peau de banane devait m'offrir un cadeau d'une toute autre dimension, d'autant qu'après 5 années d’intimité, nous commencions à bien nous connaître. Les choses risquaient de devenir «normales», et il fallait bien que quelqu'un change pour éviter l’ennui. Aussi, la peau de banane décida de changer de forme, en m’offrant un florilège d’émotions.


La raison du plus fort

Tu retournes à l'école !

L'écorce du fruit exotique que je m'évertuais à ramasser jusque là était une mission à la portée d'un enfant de 5 à 10 ans. Mais en travaillant avec mon père une journée entière dans son atelier, j'ai découvert un nouveau monde : celui des symboles et des choses symbolisées... J'étais en âge d'intégrer un sens plus profond : la peau de banane représentait désormais toute forme de piège, d'épreuve, de difficulté. Il appartient aux ramasseurs qui les voient briller, d'agir pour éviter la glissade...


L'adolescent et la peau de banane

Quoi qu'on fasse, on sème...

J’ai 14 ans. Je marche à côté de mon père pour rejoindre son atelier à Joinville-Le-Pont. Nous avons déménagé. La ville est propre, il n’y a quasiment plus de peaux de bananes qui trainent. Et puis mes préoccupations sont ailleurs : on vient de révéler mon diabète de type 1.


Le côté qui sourit

107 miracles

20 février 2007… Je vais vers mes 40 ans, et mon père vers ses 80. Mon téléphone sonne… Il est 3h du matin, donc je devine qu’il ne s’agit pas d’une bonne nouvelle, d’autant que la veille au soir, j’ai déposé mon père dans la clinique de sa ville à cause de quelques vertiges. Le médecin n’a rien vu de spécial. Il a proposé de le garder pour des examens plus approfondis le lendemain.


Faites briller

Le Grand Départ

De semaine en semaine, l’état physique de mon père se dégrada et les médecins affichèrent leur faciès pessimiste lorsque nous posions la moindre question sur une éventuelle rémission. Ce n’était pas l’AVC qui épuisait mon père, mais les escarres : il s’agit d’ulcères de la peau, causés par la compression du corps contre le matelas. Il existe des matelas anti-escarres, mais les médecins ont commencé à nous les conseiller qu’à partir du moment où les nécroses sont apparues.